Les métiers en France face au risque de l’IA (2025-30)
En 2025, OpenAI, le développeur de ChatGPT, affirme que son intelligence artificielle a déjà atteint le niveau du 50ᵉ meilleur programmeur au monde. Elle devrait dépasser les programmeurs humains d’ici la fin de l’année avant d’atteindre un niveau surhumain. À l’image du monde des échecs, les IA évolueront alors dans des sphères totalement inaccessibles au cerveau humain. Cette progression fulgurante fait de 2025 une année charnière pour le marché de l’emploi. En effet, l’IA ne se contente plus d’assister les travailleurs : elle devient partiellement autonome et capable d’initier des actions complexes.
Quels métiers risquent de disparaître sous l’effet de l’IA ? Quels secteurs devront se transformer en profondeur ? Cet article analyse les grandes mutations à venir, identifie les professions les plus exposées et explore les leviers pour anticiper les bouleversements du marché du travail en France.
IA et emploi : les secteurs en première ligne face à l’automatisation
L’intelligence artificielle remplace déjà certaines tâches humaines, en particulier celles qui sont répétitives, standardisées ou régies par des règles précises. Elle s’intègre de plus en plus aux processus métiers, ce qui transforme en profondeur certains secteurs d’activité. Voici un aperçu des domaines les plus touchés par cette automatisation croissante :
- Services administratifs : l’IA gère les e-mails, les agendas, le tri des documents et la reconnaissance optique de caractères (OCR). Les secrétaires, assistants, opérateurs de saisie et employés de bureau sont les plus concernés.
- Transport et logistique : les chauffeurs routiers, livreurs et conducteurs de VTC sont vulnérables avec l’arrivée des véhicules autonomes à l'horizon 2030. Les entrepôts automatisés réduisent les besoins en magasiniers et caristes.
- Commerce et distribution : caisses automatiques, assistants virtuels et e-commerce menacent les postes de caissier, d’hôte de caisse et de vendeur. Des magasins sans caisse sont déjà testés.
- Industrie : les robots collaboratifs remplacent les ouvriers d’assemblage et les opérateurs de contrôle visuel. Les postes peu qualifiés sont en fort déclin.
- Banque et assurance : l’IA automatise l’analyse des dossiers clients, la réponse aux demandes simples et la gestion documentaire. Les guichetiers, agents de back-office et techniciens en assurance sont concernés.
- Santé : les IA analysent les images médicales, assistent dans la saisie de compte-rendus et automatisent certains examens de routine. Les radiologues, anatomopathologistes et secrétaires médicaux sont particulièrement exposés.
Voici une visualisation de la liste ci-dessus, enrichie de pourcentages estimés à partir des principaux rapports, illustrant l’impact de l’IA sur les différents secteurs du marché du travail :
Selon l’OCDE, 27 % des emplois pourraient être entièrement automatisés. En France, cela représente plus de 4 millions d’emplois directement menacés, et près du double en cours de transformation profonde.
Le top 10 des métiers les plus menacés par l’IA
Pour dresser cette liste des 10 professions les plus exposées à l’automatisation d’ici 2030, Zety a fait appel à l’IA elle-même, lui demandant d’analyser les métiers les plus vulnérables à son propre déploiement. Grâce au modèle de raisonnement avancé de ChatGPT, nous avons croisé les données des principaux rapports sur l’intelligence artificielle et l’emploi afin de faire émerger les professions les plus concernées. Cette analyse s’appuie notamment sur les projections de France Stratégie, de l’OCDE, de l’INSEE ainsi que du Forum économique mondial.
Les études convergent : ces professions, dominées par des tâches répétitives et des procédures standardisées, sont les premières cibles de l’automatisation.
- Opérateurs de saisie / back-office : la saisie de données est une tâche entièrement automatisable.
- Caissiers / hôtes de caisse : poste fortement menacé en raison des caisses automatiques et des magasins sans personnel.
- Employés administratifs / secrétaires : l’IA gère désormais les agendas, courriels et documents.
- Guichetiers bancaires : l’usage massif du numérique et des bornes rend leur rôle de moins en moins central.
- Comptables / aides-comptables : des logiciels pilotés par l’intelligence artificielle réalisent les saisies, les bilans et les rapprochements.
- Téléconseillers / standardistes : les chatbots et callbots traitent une part croissante des interactions client.
- Ouvriers d’assemblage : les robots industriels remplacent les tâches manuelles répétitives.
- Chauffeurs / livreurs : les véhicules autonomes et la logistique automatisée gagnent du terrain.
- Rédacteurs / traducteurs : les outils d’IA rédigent et traduisent des textes avec une qualité de plus en plus élevée.
- Graphistes / maquettistes : les IA génératives produisent des visuels sur commande à moindre coût.
Pour mieux comprendre ces enjeux, voici une représentation graphique du top 10 des métiers les plus menacés par l’IA, basée sur des estimations issues des principales études :
Ces métiers cumulent un fort volume de tâches standardisées et numérisables. Ils sont donc hautement exposés à des outils comme les chatbots, l’OCR (reconnaissance optique de caractères), les IA génératives, la vision par ordinateur ou la RPA (automatisation robotisée de processus).
À l’inverse, certains métiers restent pour l’instant hors de portée de l’IA, comme nous le verrons dans la section suivante.
Quels métiers résistent encore ?
Si de nombreux emplois sont menacés par l’automatisation, certains restent difficiles à remplacer. Ils mobilisent des compétences humaines complexes (créativité, empathie, jugement) ou nécessitent une intervention physique dans des environnements variés.
- Métiers du soin et de l’accompagnement : infirmiers, aides-soignants, éducateurs spécialisés.
- Artisans et ouvriers qualifiés du bâtiment : maçons, électriciens, plombiers, menuisiers.
- Métiers du conseil et de la gestion humaine : coachs, managers, RH.
- Professions créatives et artistiques : designers, scénaristes, artistes visuels.
- Techniciens de maintenance et réparateurs : intervention manuelle et diagnostic complexe.
Ces professions bénéficient d’une protection relative : leurs tâches sont difficiles à modéliser, demandent du discernement et s’adaptent à des situations uniques. Dans ces domaines, l’intelligence artificielle agit surtout comme un outil d’assistance, non comme un substitut.
Impact de l’IA : quelles tâches sont automatisables (ou non) ?
Les postes les plus à risque regroupent alors des tâches techniques, répétitives, encadrées par des règles claires, et demandent peu d’interactions humaines ou de compréhension du contexte. Ils requièrent rarement initiative, jugement ou créativité, ce qui les rend facilement remplaçables par des systèmes d’intelligence artificielle ou d’automatisation logicielle.
Tâches facilement automatisables :
- Saisie de données et de formulaires
- Traitement d’emails simples et standardisés
- Tri, classement et archivage
- Contrôle visuel d’images et de documents
- Production d’illustrations, de résumés ou de textes simples
Tâches résistantes à l’IA :
- Créativité originale et artistique
- Relation client personnalisée
- Négociation, conseil et empathie
- Décision clinique complexe
- Encadrement humain et résolution de conflits
L’avenir est à « l’augmentation humaine » : l’IA prend en charge les tâches répétitives, tandis que l’humain reste essentiel pour les dimensions complexes ou sensibles.
Rebondir face à l’IA : se reconvertir ou s’adapter
Face à l’automatisation, rester immobile est risqué. Pourtant, cette transition peut aussi représenter une opportunité pour redessiner sa trajectoire professionnelle. Se reconvertir, se spécialiser ou développer des compétences complémentaires permet de garder la main.
Parmi les pistes concrètes :
- Se former tout au long de sa vie avec le CPF, le CEP ou un Projet de Transition Professionnelle.
- Se repositionner vers des fonctions humaines à forte valeur ajoutée : coordination, conseil, encadrement.
- Explorer des secteurs porteurs, comme les nombreux rôles et spécialités émergents liés à l’intelligence artificielle, à la transition écologique, au médico-social ou à la formation.
- Maîtriser les outils IA pour les intégrer dans son métier ou en faire un levier d'expertise.
- Renforcer les compétences relationnelles : esprit critique, adaptabilité, communication, créativité.
L’ère de l’IA commence, celle de l’humain se réinvente
Si l’intelligence artificielle rebat les cartes du monde professionnel, elle ne condamne pas pour autant l’emploi humain. Une transition bien accompagnée peut ouvrir de nouvelles perspectives, à condition de miser sur l’anticipation, la formation et l’agilité des compétences. Cette transition ne repose pas uniquement sur les individus : elle nécessite aussi l’engagement des pouvoirs publics et des entreprises pour mettre en place des politiques de soutien efficaces, garantir l’accès à la formation et créer un environnement favorable à l’adaptation professionnelle.
L’IA ne dort jamais, ne demande pas d’augmentation, et apprend plus vite que nous. Voilà une raison de plus pour que chacun – individus, entreprises, institutions – collabore à redéfinir les rôles, à renforcer ce qui fait notre valeur humaine, et à dessiner ensemble le travail de demain.
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